La Folle Espérance Don Paul Préaux . Tiphaine Néron Bancel

9 mai 2025

Un livre qui tombe à point nommé en cette année jubilaire consacrée à l’Espérance dans un contexte de crise et de morosité déprimantes.

Il y a bien la tentation toujours présente de mettre son espoir dans un homme providentiel, une sorte de sauveur, ou bien dans d’hypothétiques « lendemains qui chantent » …mais on a donné …et on a toujours été déçu.

On n’a donc plus envie de se projeter dans l’avenir, mais comme on s’est coupé de notre passé, de nos racines, alors on surinvestit le présent qui devient alors compulsif et tyrannique.

Cette course à la consommation atrophie toute vie intérieure et, nous empêchant de reconnaître nos désirs profonds, provoque un dégoût qui finit par tuer le désir lui-même.

Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie chantait Johnny Halliday

Ce livre vient donc nous rappeler ce qu’est la vertu d’Espérance qui, loin de vouloir annihiler le désir comme le prônent les philosophies orientales, nous rappelle au contraire que ce désir est bon, qu’il est même un puissant moteur, s’il est bien orienté.

L’Espérance est justement cette vertu qui oriente notre désir vers ce qui nous comble : le parfait et l’infini, c’est à dire le Royaume de Dieu et Sa promesse de bonheur éternel.

Elle est un don de l’Esprit Saint qui anime en nous cette dynamique et nous donne en même temps la patience et la persévérance nécessaire pour ne pas nous décourager au cours de cette longue marche vers la Terre Promise

L’Espérance nous rappelle que les épreuves rencontrées ne sont que des étapes pour nous faire grandir et nous préparer au but véritable qui est le Royaume.

Car il ne s’agit pas de fuir dans une spiritualité désincarnée mais d’être présent au monde pour le rendre meilleur, et à nos frères pour nous mettre à leurs service selon l’enseignement de l’évangile.

Par ailleurs l’Espérance combat en nous deux tentations qu’ont connues les hébreux dans le désert :

Celle de la démission, faire demi tour car, pensaient ils, « c’était mieux avant » ou

Celle du découragement : s’arrêter en chemin pour adorer des idoles, le fameux veau d’or.

Tentations qui prennent aujourd’hui deux autres formes :

Celle du désespoir ou de l’acédie : c’est le refus délibéré de la confiance en Dieu, la négation d’une possibilité de salut qui fait par conséquent rechercher des idoles, des ersatz de bonheur, dans un plaisir qui devient le plus souvent tyrannique et qu’on nomme de ce fait addictions. Ainsi la liberté revendiquée aboutit en définitive à un esclavage. 

Celle de la présomption : c’est la prétention à se sauver par ses propres forces ou au contraire la tentation de croire qu’on est sauvé quoiqu’on fasse ( prédestination ou quiétisme ).

L’auteur rappelle également que l’altérité étant constitutive de l’être humain, on n’espère pas tout seul et qu’il faut par conséquent se préoccuper du salut de son prochain, le plus grand bien qui soit.

Ainsi dans la communion des saints nous devons prier les uns pour les autres.
Et en espérant pour autrui, nous sommes appelés à agir avec amour et compassion.

Car l’espérance est indissociable de la charité.

Pour entretenir la vitalité de cette source qu’est l’Espérance nous devons nourrir notre foi en lisant et gardant la Parole de Dieu , en priant sans cesse pour vivre en intimité avec le Seigneur.

Ainsi nous serons les veilleurs en tenue de service, gardant notre lampe allumée pour illuminer le monde et y mettre le feu… de la charité.