Le Temps des Saints . Marc Aillet

10 décembre 2023

A l’heure où l’Eglise est traversée par des crises internes ( abus sexuels etc…) et par un climat de grande confusion doctrinale et morale, ce livre vient apporter éclaircissement et encouragement aux fidèles et aux prêtres…

L’auteur rappelle d’abord que, si l’Eglise est bâtie de manière hiérarchique sur Pierre et les apôtres, elle n’est pas une simple institution humaine à administrer selon les critères du monde…

Elle est avant tout un mystère c’est à dire une réalité cachée en Dieu de toute éternité et un sacrement c’est à dire une réalité visible qui nous dévoile et nous communique des réalités invisibles …

Son avenir passera alors, non par une préoccupation excessive, de ses structures et de son fonctionnement, mais par une pastorale renouvelée de la sainteté.

Comme le disait Bernanos en effet, l’Eglise n’a pas besoin de réformateurs, elle a besoin de saints…

Ensuite l’auteur rappelle le rôle fondamental et irremplaçable du prêtre dont le sacerdoce - ministériel - s’enracine dans celui des apôtres…sacerdoce institué le soir de la Cène par Jésus Christ Lui même, comme prolongement de Son propre Sacerdoce.

Certes les laïcs, par leur baptême, participent de ce sacerdoce - qu’on appelle sacerdoce commun des fidèles - en s’unissant au sacrifice du Christ par la foi et l’amour.

Mais seul le prêtre, par le sacrement de l’ordre est configuré au Christ qui lui a donné un pouvoir sacré, notamment celui de célébrer l’eucharistie et de remettre les péchés.

Il y a donc bien distinction d’essence et de degré entre ces deux sacerdoces qui ne doivent pas être concurrents mais complémentaires.

Car, si le prêtre est mis à part, cela reste au sein des fidèles, jamais séparé encore moins au dessus

Pour vous, je suis évêque, avec vous, je suis chrétien dit Saint Augustin

Les laïcs ne sont pas oubliés pour autant dans cet ouvrage à qui l’auteur consacre une grande partie, rappelant l’urgente nécessité de se former pour connaître la parole de Dieu, la tradition de l’église et sa pensée sur l’homme et la société…

Certes la foi est d’abord une relation personnelle avec Dieu mais elle a besoin de s’ancrer dans l’intelligence pour que les fidèles soient toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en eux selon l’exhortation de Saint Pierre…surtout après cette longue période de rupture de transmission que nous avons connue au cours de ces dernières décennies, et pour être capables de répondre à la virulence de certaines attaques de la pensée dominante contre le christianisme.

L’Eglise a toujours nécessairement entretenu un dialogue avec le monde car sa raison d’être est d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut mais elle doit toujours se tenir sur ses gardes…Si elle est dans le monde, elle n’est pas du monde et ne doit pas se conformer à lui.

Dialoguer en effet ne veut pas dire renoncer à sa mission prophétique d’évangélisation mais proclamer à temps et à contretemps la vérité sur l’homme en rappelant le beau projet de Dieu sur lui…quitte à être signe de contradiction à l’instar de son Maître.

Si l’Eglise reconnaît le pouvoir de César et ne doit pas se substituer à celui ci, selon la célèbre formule de Jésus : rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, il n’en reste pas moins vrai que César n’est pas Dieu et appartient ultimement à Dieu.

Ainsi l’autorité de César est légitime tant qu’elle reste ordonnée à l’autorité divine.

L’Eglise doit donc sans cesse rendre témoignage à la vérité qui seule peut rendre l’homme libre en alliant rigueur doctrinale et tendresse pastorale…

Car quand Amour et Vérité se rencontrent Justice et Paix s’embrassent